Je vous emmène...
Sur le chemin de mes mots, sur le fil de ma pensée.
J'ai de nouveau retrouvé la plume, et l'envie de noircir des
pages.
Peu m'importe l'aboutissement.
L'important est le plaisir, la quiétude
que mon écriture bancale
m'a toujours apportée.
Extrait...
Je suis entrée dans la douche. J'ai tiré le rideau.
Pas totalement, comme toujours, en laissant juste quelques centimètres,
deux ou trois.
Je veux pouvoir y glisser un oeil au cas où un maniaque m'agresserait
au travers du plastique fleuri.
Merci monsieur Hitchcock. Grâce à vous je trempe
le tapis de bain depuis des décennies.
J'ai laissé couler l'eau. Avec le mitigeur, inutile d'attendre la bonne température
mais j'aime la regarder couler un peu comme s'il me fallait l'apprivoiser.
Je venais d'acheter un nouveau gel parfumé à la fleur d'oranger.
Cette senteur là je la connaissais bien,
pourtant, en une fraction de seconde, à la première noix
dans le creux de ma main, les souvenirs sont revenus.
Comme une claque olfative, une scène de dessin animé,
une gifle géante à la Roger Rabbit.
... J'ai environ 10 ans.
Oui, c'est bien ça. Le calcul est juste: j'ai dix ans!
Il fait froid dans la chambre.
La chambre qui n'est autre qu'un vaste dortoir où les lits
s'alignent face aux armoires une porte.
Il fait glacial et un nuage sort de ma bouche à chaque expiration.
Dans d'autres circonstances, j'aurais certainement trouvé ça drôle
et j'aurais pris plaisir à coller mon nez contre la vitre
pour y dessiner des cercles opaques.
Mais, le froid m'engourdit et ma petite chemise de nuit,
bien qu'en flanelle, ne fait pas barrière contre les piqûres glacées du petit matin.
Je cours vers la salle de bain.
Hors de question de me faire prendre la place.
J'ai trop besoin de cette eau qui redonnera
un peu de vie à mes jambes engourdies.
Le ruissellement salutaire me fait tant de bien.
Je pourrais rester là jusqu'au prochain coucher,
jusqu'à ce que la peau de mes pieds se mette à peler.
L'odeur est douce et puissante à la fois.
Odeur sucrée et fleurie qui m'enveloppe comme
un soleil de juillet.
Odeur de pâtisseries, de petites brioches au sucre dont je déguste d'abord
chaque grain croustillant en le laissant fondre
sur la langue avant de croquer la mie.
Odeur de crêpes, de pâte qui repose sous le torchon et embaume toute la cuisine...
Je sais, c'est un peu court.
Je sais, vous êtes sortis du lit depuis déjà pas mal de temps.
Mais, j'avais envie de partager avec vous ce matin, mes promenades
de la nuit...